11 octobre 2007

Ouverture: pièges à cons !, par Nicolas Dupont-Aignan

Les déclarations de Fadela Amara jugeant « dégueulasse qu’on instrumentalise l’immigration » ont provoqué un léger court-circuit politique comme en raffolent les séances du mardi et mercredi à l’Assemblée Nationale.

A la différence de Messieurs Kouchner et Lang qui ne supportaient pas l’idée de retomber dans l’anonymat et sont prêts à avaler toutes les couleuvres pour faire briller leurs ultimes années d’activité sous les ors de la République, Madame Amara est une femme sans doute droite et sincère.

Elle commence à comprendre toute la différence entre « ouverture », simple récupération politique qui carbonise tous ceux qui y participent et « gouvernement d’Union nationale », qui associe autour d’un pacte fondateur et d’un projet précis des personnalités variées et respectées.

Car là réside bien le vice de conception de la fameuse ouverture. Ses ministres ne sont pas là pour ce qu’ils peuvent bâtir ensemble mais pour ce qu’ils représentent (l’image toujours l’image) avant de monter dans le navire. Une fois embarqués, ils découvrent que le barreur navigue à vue.

Un petit coup d’amendement ADN pour donner l’illusion de la fermeté ; le retour vers l’OTAN pour plaire aux Américains et aux atlantistes français, de droite comme de gauche, les franchises médicales sans s’attaquer aux causes du trou de la sécurité sociale, etc…

Le piège se referme sur les ministres d’ouverture. Soit ils protestent comme la ministre et ils stigmatisent alors bon nombre de membres de la majorité, c'est-à-dire à travers eux les électeurs. Soit ils serrent les dents et l’alibi de l’ouverture disparaît, les Français n’étant pas dupes de la « solidité » de leurs convictions.

En vérité nous vivons une étrange période. On n’a jamais vu quatre mois après une aussi éclatante victoire présidentielle, une ambiance aussi morose au Parlement. Un Premier ministre fantomatique, la plupart des ministres ne sachant pas où va le gouvernement ni quel est leur rôle... Quant aux parlementaires, comme l’a si bien souligné Nadine Morano, pourtant sarkozyste de choc, ils ont au moins l’avantage sur les ministres d’ouverture d’être désignés par le suffrage universel et non par les bonnes grâces de l’exécutif ! A force d’avoir le tournis, les parlementaires finissent par ruer dans les brancards…

Le Président de la République me fait penser à un artificier qui lancerait le bouquet final au début du feu d’artifice ! Comment durer dans ces conditions?

Je persiste à penser, n’en déplaise au discours dominant, qu’on ne gouverne pas la France comme on dirige TF1. Les Français s’amuseront un temps seulement du spectacle. Ils veulent comprendre le sens de l’action menée, sa cohérence. Ils exigeront bientôt des résultats. Ils veulent en effet pouvoir vivre dans des conditions matérielles et morales dignes. Or, pour cela, il faut une vraie démocratie et une vraie politique économique d’expansion. La clarté. Une majorité (éventuellement élargie) autour d’un projet lisible et une minorité dans l’opposition comme contrepoids.

L’ouverture veut en fait brouiller les lignes pour retarder le moment de vérité où cette fuite en avant de l’exécutif apparaîtra pour ce qu’elle est : bien peu de choses… C’est un vrai piège à cons !

ps : en terminant l’écriture de ce blog, j’aperçois à la télévision une émission consacrée au Général de Gaulle, conclue par une intervention de Jack Lang. Il y avait de quoi pleurer… l’hommage du vice à la vertu !

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