En raison de son objet et de son ampleur, nous vous proposons exceptionnellement de retrouver l'intégralité du dernier billet de Nicolas Dupont-Aignan que vous pouvez également consulter sur son blog.
Le Président de la République a affirmé hier à Nîmes que le temps des bilans n’était pas venu. On le comprend tant un examen impartial et lucide des deux premières années du quinquennat pourrait être accablant.
Il préfère, il en a livré une nouvelle illustration hier soir, cette fuite en avant dans des discours schizophrènes qui lui permettent, pour combien de temps encore, avec l’aide de quelques groupes de médias bien complaisants, de saturer l’espace public, donnant le tournis aux Français et gardant toujours deux longueurs d’avance sur ses opposants, qui ne disposent pas du même temps de parole pour exprimer leurs critiques et faire valoir leurs propositions.
En vérité, ces deux premières années auront été très paradoxales.
La rupture promise n’a pas eu lieu là où elle était tant attendue. Elle a, en revanche, été mise en œuvre dans des domaines et dans un sens où elle n’avait pas été annoncée. Les discours d’Henri Guaino, si utiles pendant la campagne présidentielle pour « plumer la volaille » électorale, ont été bien évidemment, comme j’en avais publiquement exprimé la crainte, systématiquement trahis par les actes.
Quoi d’étonnant d’ailleurs, quand on connaît la personnalité et le terreau idéologique du Président : atlantisme, communautariste, ultralibéralisme, amour de l’argent et de ceux qui en ont, mépris pour le modèle social et républicain français. Chassez le naturel, il revient aussitôt au galop !
Oubliée donc la rupture avec la pensée unique si habilement mise en scène pendant la campagne.
- L’éloge à « l’école du mérite et de l’effort » a abouti dans les faits à la réduction sans précédent de 7% des heures de cours en primaire et à la réduction des exigences de culture générale dans les concours de la Fonction Publique, qui sont eux-mêmes dévalorisés, remis en cause dans leur principe par une discrimination positive sans le nom.
- L’ode au travail, aux petites entreprises et à la baisse des charges pour dynamiser l’emploi, se traduit par la création de 10 taxes ou impôts nouveaux et par une politique économique à la fois dictée par quelques copains du CAC 40 et par l’éternel malthusianisme de l’Europe bruxelloise.
- L’hymne à Jaurès et à la justice sociale se trouve renié par un bouclier fiscal ahurissant en période de crise, qui exempte les ménages très aisés du paiement du RSA, laissé aux classes moyennes (les moins pauvres paient pour les plus pauvres, drôle de justice sociale !)
- La volonté de rééquilibrage des institutions en faveur du Parlement est un trompe-l’œil car le Président pilote en direct l’UMP qui détient, à l’Assemblée Nationale, la majorité des sièges.
- Le culte de l’identité nationale conduit, comprenne qui pourra, à la relance de l’immigration de travail, aux statistiques ethniques et aux communautarismes religieux.
- Enfin, dans le domaine européen qui avait, là aussi, donné lieu pendant la campagne à de beaux discours sur la faillite de la Commission de Bruxelles et la nécessaire lutte contre les délocalisations, aboutit à un grand écart permanent et à une incohérence flagrante.
- Le fameux « traité simplifié » censé réconcilier le Oui et le Non de 2005 est devenu la copie conforme de la Constitution européenne. Ainsi le traité de Lisbonne supprime le droit de veto de la France sur les négociations commerciales à l’OMC mais, avec le culot qui le caractérise, le Président promet aux agriculteurs français qu’il mettra le droit de veto sur tout accord commercial dangereux pour eux !?
- Sur la Turquie, l’incohérence est tout aussi béante. D’un côté, le Président s’y déclare opposé, de l’autre, il a laissé ouvrir à Bruxelles, avec l’accord de la France, 8 chapitres de négociations et a fait supprimer le référendum obligatoire qui avait été constitutionnalisé par Jacques Chirac pour éviter un mariage forcé.
- En revanche, des ruptures qui n’avaient pas été annoncées ont été mise en œuvre. Ainsi, le retour dans l’OTAN, signe la fin de 50 ans de consensus politique français, abîme l’image de notre pays dans le monde. De même, l’envoi de troupes en Afghanistan est contraire aux engagements pris pendant la campagne électorale.
Bilan très sévère diront certains. Oui, car plus que tout Nicolas Sarkozy, par son attitude permanente politicienne et partisane, décrédibilise profondément la fonction présidentielle qui avait été justement inventée par le Général de Gaulle pour servir de clé de voûte à notre pays tiraillé par des divisions permanentes et menacé par le déclin.
Les Français, bien évidemment, pourront parfois éprouver une certaine admiration pour l’animal politique, sa capacité de rebond, son intelligence tactique, son talent d’avocat, mais ce qui manque le plus au terme de ses deux ans de présidence, ce sont des résultats véritablement tangibles et positifs, c’est un sens donné à l’action, une cohérence dans le projet, un respect du peuple, une compréhension de ce qu’est la France et de ce qu’attendent nos compatriotes.
Mais je crois sincèrement que les Français, dans leur ensemble, ont compris tout cela. La question n’est donc plus de savoir si Nicolas Sarkozy est un bon ou un mauvais Président, mais de proposer au plus vite une alternative crédible. Non pas une alternative en terme seulement de personnalité, mais de projet politique qui aille enfin à la cause des problèmes profonds du pays.
Car, n’en doutons pas, après les échecs de François Mitterrand, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, la question centrale est de savoir comment, dans une mondialisation sauvage, nous pouvons préserver et faire s’épanouir un modèle français détricoté et attaqué de toutes parts.
C’est là bien sûr qu’intervient la question européenne qui est, chacun le sait, centrale. Je vous renvoie, pour ne pas allonger démesurément ce billet au format déjà inhabituel, à mon discours de clôture du Congrès fondateur de Debout la République du 23 novembre dernier où je tentais de tracer quelques pistes pour l’avenir.
En attendant, mobilisons-nous pour les élections européennes !
Le Président de la République a affirmé hier à Nîmes que le temps des bilans n’était pas venu. On le comprend tant un examen impartial et lucide des deux premières années du quinquennat pourrait être accablant.
Il préfère, il en a livré une nouvelle illustration hier soir, cette fuite en avant dans des discours schizophrènes qui lui permettent, pour combien de temps encore, avec l’aide de quelques groupes de médias bien complaisants, de saturer l’espace public, donnant le tournis aux Français et gardant toujours deux longueurs d’avance sur ses opposants, qui ne disposent pas du même temps de parole pour exprimer leurs critiques et faire valoir leurs propositions.
En vérité, ces deux premières années auront été très paradoxales.
La rupture promise n’a pas eu lieu là où elle était tant attendue. Elle a, en revanche, été mise en œuvre dans des domaines et dans un sens où elle n’avait pas été annoncée. Les discours d’Henri Guaino, si utiles pendant la campagne présidentielle pour « plumer la volaille » électorale, ont été bien évidemment, comme j’en avais publiquement exprimé la crainte, systématiquement trahis par les actes.
Quoi d’étonnant d’ailleurs, quand on connaît la personnalité et le terreau idéologique du Président : atlantisme, communautariste, ultralibéralisme, amour de l’argent et de ceux qui en ont, mépris pour le modèle social et républicain français. Chassez le naturel, il revient aussitôt au galop !
Oubliée donc la rupture avec la pensée unique si habilement mise en scène pendant la campagne.
- L’éloge à « l’école du mérite et de l’effort » a abouti dans les faits à la réduction sans précédent de 7% des heures de cours en primaire et à la réduction des exigences de culture générale dans les concours de la Fonction Publique, qui sont eux-mêmes dévalorisés, remis en cause dans leur principe par une discrimination positive sans le nom.
- L’ode au travail, aux petites entreprises et à la baisse des charges pour dynamiser l’emploi, se traduit par la création de 10 taxes ou impôts nouveaux et par une politique économique à la fois dictée par quelques copains du CAC 40 et par l’éternel malthusianisme de l’Europe bruxelloise.
- L’hymne à Jaurès et à la justice sociale se trouve renié par un bouclier fiscal ahurissant en période de crise, qui exempte les ménages très aisés du paiement du RSA, laissé aux classes moyennes (les moins pauvres paient pour les plus pauvres, drôle de justice sociale !)
- La volonté de rééquilibrage des institutions en faveur du Parlement est un trompe-l’œil car le Président pilote en direct l’UMP qui détient, à l’Assemblée Nationale, la majorité des sièges.
- Le culte de l’identité nationale conduit, comprenne qui pourra, à la relance de l’immigration de travail, aux statistiques ethniques et aux communautarismes religieux.
- Enfin, dans le domaine européen qui avait, là aussi, donné lieu pendant la campagne à de beaux discours sur la faillite de la Commission de Bruxelles et la nécessaire lutte contre les délocalisations, aboutit à un grand écart permanent et à une incohérence flagrante.
- Le fameux « traité simplifié » censé réconcilier le Oui et le Non de 2005 est devenu la copie conforme de la Constitution européenne. Ainsi le traité de Lisbonne supprime le droit de veto de la France sur les négociations commerciales à l’OMC mais, avec le culot qui le caractérise, le Président promet aux agriculteurs français qu’il mettra le droit de veto sur tout accord commercial dangereux pour eux !?
- Sur la Turquie, l’incohérence est tout aussi béante. D’un côté, le Président s’y déclare opposé, de l’autre, il a laissé ouvrir à Bruxelles, avec l’accord de la France, 8 chapitres de négociations et a fait supprimer le référendum obligatoire qui avait été constitutionnalisé par Jacques Chirac pour éviter un mariage forcé.
- En revanche, des ruptures qui n’avaient pas été annoncées ont été mise en œuvre. Ainsi, le retour dans l’OTAN, signe la fin de 50 ans de consensus politique français, abîme l’image de notre pays dans le monde. De même, l’envoi de troupes en Afghanistan est contraire aux engagements pris pendant la campagne électorale.
Bilan très sévère diront certains. Oui, car plus que tout Nicolas Sarkozy, par son attitude permanente politicienne et partisane, décrédibilise profondément la fonction présidentielle qui avait été justement inventée par le Général de Gaulle pour servir de clé de voûte à notre pays tiraillé par des divisions permanentes et menacé par le déclin.
Les Français, bien évidemment, pourront parfois éprouver une certaine admiration pour l’animal politique, sa capacité de rebond, son intelligence tactique, son talent d’avocat, mais ce qui manque le plus au terme de ses deux ans de présidence, ce sont des résultats véritablement tangibles et positifs, c’est un sens donné à l’action, une cohérence dans le projet, un respect du peuple, une compréhension de ce qu’est la France et de ce qu’attendent nos compatriotes.
Mais je crois sincèrement que les Français, dans leur ensemble, ont compris tout cela. La question n’est donc plus de savoir si Nicolas Sarkozy est un bon ou un mauvais Président, mais de proposer au plus vite une alternative crédible. Non pas une alternative en terme seulement de personnalité, mais de projet politique qui aille enfin à la cause des problèmes profonds du pays.
Car, n’en doutons pas, après les échecs de François Mitterrand, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, la question centrale est de savoir comment, dans une mondialisation sauvage, nous pouvons préserver et faire s’épanouir un modèle français détricoté et attaqué de toutes parts.
C’est là bien sûr qu’intervient la question européenne qui est, chacun le sait, centrale. Je vous renvoie, pour ne pas allonger démesurément ce billet au format déjà inhabituel, à mon discours de clôture du Congrès fondateur de Debout la République du 23 novembre dernier où je tentais de tracer quelques pistes pour l’avenir.
En attendant, mobilisons-nous pour les élections européennes !
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