15 janvier 2007

Nicolas Dupont-Aignan claque la porte de l'UMP

Nicolas Dupont-Aignan vient de mettre un terme à l'hésitation qui le préoccupait concernant son lien avec l'UMP, comme le révélait notre précédente note. Alors que le temps qu'il demandait à Nicolas Sarkozy au congrès du 14 janvier dernier lui a été refusé, il a annoncé à l'occasion de son passage samedi 13 janvier dans le JT de 13 heures sur TF1 son départ de l'UMP. Vous trouverez ci-joint la vidéo de son interview par Claire Chazal ainsi que le discours qu'il devait prononcer au congrès de la Porte de Versailles.



candidat gaulliste et républicain
envoyé par kazero


Discours prévu pour le congrès de l'UMP du 14 janvier 2007

Mes chers compagnons,

J'ai beaucoup hésité à venir devant vous en ce jour de congrès. Mais, je me suis dit qu'il était de mon devoir, qu'il fallait avoir le courage de vous dire, droit dans les yeux, ce que je vais faire dans les prochaines semaines. J'ai d'ailleurs toujours été franc avec vous ces dernières années. En 2002, où 15% d'entre vous m'ont soutenu, en 2003 quand j'ai protesté contre l'abandon des courants, en 2004 lors de l'élection à la présidence, en 2005 où je suis venu devant le Conseil national dire pourquoi je voterais contre la Constitution européenne.

Alors, je n'ai que deux choses très simples et très brèves à vous dire. Je vous remercie d'avance de votre écoute.

Oui, si je partage votre volonté de redresser la France, je reste absolument convaincu qu'on ne pourra pas le faire sans réorienter en profondeur l'Europe. Nous n'avons pas le droit de faire croire aux Français que nous réussirons à écoper l'eau du bateau si nous ne bouchons pas le trou qu'il y a dans la coque.

Alors oui, j'ose le dire.

Oui, j'affirme, j'assume :

- comment prétendre freiner les délocalisations et rétablir l'équilibre du commerce extérieur comme notre compétitivité quand la Banque centrale européenne nous asphyxie, laissant l'euro s'envoler de 50% face aux autres devises ?

- comment prétendre maîtriser l'immigration quand nos voisins régularisent à tour de bras, quand nos frontières sont ouvertes et quand nous avons le système social le plus généreux et donc le plus attractif ?

- comment prétendre garantir le service public sans remettre en cause des accords absurdes de libéralisation que même les pays libéraux comme les Etats-Unis regrettent aujourd'hui ?

- comment prétendre revitaliser notre agriculture quand nous avons accepté des règles qui laissent les décisions en ce domaine se prendre à la majorité d'Etats qui ne veulent plus garantir l'autosuffisance alimentaire ?

- comment prétendre préserver notre modèle social quand on laisse mettre en ouvre un marché unique sans harmonisation sérieuse, sociale, fiscale et environnementale ?

Je pourrais multiplier à l'infini ces exemples de double discours permanent. C'est pourquoi, je ne peux accepter, comme sans doute bon nombre de 55% de Français qui ont rejeté la Constitution européenne de voir proposer dans le projet de l'UMP, de reprendre une partie de ces dispositions dans une mini constitution. Et, envisager de court-circuiter le peuple en faisant adopter par le Parlement après 2007 une telle disposition, est, en mon âme et conscience, totalement inacceptable pour moi. Ce serait purement et simplement bafouer le suffrage universel pour imposer un traité nous privant davantage encore de notre droit le plus sacré à disposer librement de nous-mêmes. Un véritable retour en arrière sur les conquêtes démocratiques de 1789.

Alors oui, je suis venu vous dire ce matin qu'il m'était, en conscience, totalement impossible d'accepter une telle régression démocratique. Sans parler bien sûr de mon refus d'un alignement de notre politique étrangère sur les Etats-Unis, du détricotage de la loi sur la laïcité, de la discrimination positive, du libéralisme pur et dur.

Oui, je suis venu vous dire qu'il était de mon devoir de porter directement devant les Français un projet vraiment gaulliste et républicain.

Oui, je serai candidat en dehors de l'UMP car seule une refondation européenne permettra à la France de retrouver sa liberté de manouvre et donc d'amorcer son redressement. Au-delà de ma petite personne que vous pouvez siffler, que vous pouvez exclure, n'oubliez pas qu'il y a les millions de Français qui ont voté NON le 29 mai 2005 pour préserver la liberté de la France, ses conquêtes démocratiques et sociales et son projet de société fondé sur le progrès et une certaine idée de l'Homme et la force des valeurs sociales. Ce sont eux qui voteront. Ce sont eux qu'il vous faudra convaincre si vous ne voulez pas voir revenir aux affaires les des socialistes sans solution.

La deuxième chose que je suis venu vous dire est que l'élection présidentielle n'est pas la propriété des partis politiques. Elle appartient aux Français. On peut cadenasser une élection interne à l'UMP. On ne peut pas cadenasser l'élection présidentielle. L'unité sur le plus petit dénominateur commun n'a jamais garanti le rassemblement nécessaire à la victoire. Dans l'esprit du Général de Gaulle, un candidat ne doit pas être l'homme d'un parti. Chacun en tire la leçon qu'il veut.

Pour ma part, à partir du moment où je suis candidat, j'ai décidé de quitter l'UMP. De même, j'abandonne la présidence de Debout la République à son Secrétaire Général. L'élection présidentielle doit ainsi offrir aux Français un vrai choix entre des hommes porteurs de projets pour la France.

Je serai, ainsi et jusqu'au bout, le candidat libre d'une France libre.

Nicolas DUPONT-AIGNAN
Candidat à la Présidence de la République
Député de l'Essonne


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