27 août 2007

Une rentrée périlleuse, par Nicolas Dupont-Aignan

Après quelques semaines d’interruption, je reprends aujourd’hui mon blog. Que les internautes me pardonnent cette absence. Reconnaissons-le, cela fait du bien de reposer l’esprit, de prendre du recul sur l’actualité, de réfléchir différemment !

Mais le temps de la rentrée est venu et il y a beaucoup à dire sur cet étrange été qui a suivi l’élection présidentielle.

La France, ou plus exactement l’image qu’en forgent les médias souvent complaisants, semble ainsi sous hypnose. L’agitation tout azimut du Chef de l’Etat monopolise, je dirais même plus, sature les écrans et les journaux.

Le décalage entre les paroles et les actes « même s’il n’est que très rarement relevé par les observateurs » s’accroît démesurément. Combien de temps nos compatriotes supporteront-ils ce mode de fonctionnement ? Comment les Français réagiront-ils lorsque les faits s’imposeront à eux ?

Sur la politique européenne, j’ai déjà pointé avant les vacances l’ampleur de la contradiction, je pourrais même dire de la trahison. Affirmer pendant la campagne que la Constitution Européenne est morte et signer un mois après un mini-traité qui en reprend la totale substance, cela n’est pas banal ! Parcourir les départements marqués par les délocalisations en s’en prenant à juste titre à « l’euro cher » puis s’incliner devant les ministres de l’euro-groupe à Luxembourg, il faut oser. Ce que certains nomment habileté s’apparente plutôt au syisme, auquel nous avaient habitué les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy, et avec lesquels ce dernier justement, avait promis de rompre.

Mais surtout, et c’est bien là le plus grave, ces deux revirements majeurs mettent en péril la stratégie audacieuse de sortie de crise du Président de la République. En effet, en avalisant la Constitution Européenne, sans obtenir aucune compensation sur l’euro de la part de l’Allemagne, la France est privée du seul moyen de relancer son économie (voir mon article du 21 juillet dans l’hebdomadaire « Marianne »).

Avec un euro toujours surévalué, le pacte fiscal du Gouvernement risque bien de se transformer en boulet fiscal. Se priver de 13 milliards de recettes fiscales pour honorer des promesses électorales clientélistes, sans prévoir les économies budgétaires qui permettraient d’éviter l’explosion du déficit, relève d’un certain amateurisme.

On se croirait revenu en 1981, quand François Mitterand voulait, coûte que coûte, respecter les promesses de campagne.

Bien sûr, je crois utile comme le Président de la République, de réduire les droits de succession des classes moyennes ou de limiter les charges sociales. En revanche, je crois que par idéologie et par fanfaronnade, le pacte fiscal va trop loin surtout dans un contexte de « l’euro cher » et saigne l’économie française.

Quand je disais cela au mois de juin, on me regardait de travers. Aujourd’hui, malheureusement, les chiffres commencent à inquiéter les économistes : record du déficit du commerce extérieur au 1er semestre, croissance lente au 2ème trimestre, atonie de la production industrielle et poursuite des délocalisations.

S’attaquer à la pensée unique, comme l’a fait Nicolas Sarkozy pendant sa campagne est une bonne chose à la condition, bien évidemment, de se donner ensuite dans les actes, les moyens de sa politique. Les réformes structurelles sont indispensables certes, mais il faut mettre de l’huile dans les rouages et faire sauter alors le carcan de « l’euro cher ».

Se refusant à aller au bout de sa logique, privilégiant les coups de com sur la cohérence des mesures, je crains, qu’une fois de plus, la France aille dans le mur des contradictions politiques et de la démagogie électorale.

L’automne dira, si je fais preuve d’un pessimisme excessif ou si je mets le doigt sur les dégâts des contradictions permanentes entre les discours et les actes.

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