29 septembre 2007

Article de "L'Humanité" sur le vote du protocole de Londres

Nombreux sont les articles de la presse nationale qui ont découvert avec effaremment et souvent a posteriori l'affaire du Protocole de Londres. Vous trouverez ci-dessous un article tiré du journal communiste L'Humanité ce qui prouvera que cette affaire était un enjeu trans-parti à l'image de celui que fut la Constitution européenne.


Un vote contre l'hégémonie de l'anglais

Des parlementaires tirent la sonnette d’alarme, à la veille du vote d’un texte qui donnera à des brevets rédigés en anglais ou en allemand force de loi dans notre pays, affaiblissant le français.

C’est cet après-midi que les députés doivent se pencher sur un texte crucial pour l’avenir de la langue française et de la recherche, et qui a pourtant provoqué peu de débats dans le pays. Il faut dire que tout a été fait pour que la ratification de cet accord européen, datant de l’an 2000, se fasse « en douce », sans que l’opinion ait le temps de s’en alarmer : c’est seulement en juillet qu’elle a été mise à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale pour être votée dans les premiers jours de la rentrée parlementaire. Les députés n’ont donc pas eu le temps d’étudier la question et risquaient de s’en tenir à la discipline de parti. Mais le travail de sensibilisation et d’explication fait par le comité contre le protocole de Londres et ses signataires prestigieux (1) a obligé les élus à se poser quelques questions. Au point que certains membres de la majorité UMP se sont portés au premier rang du combat contre ce qu’ils considèrent comme un mauvais coup contre le français, et donc contre la France.

C’était encore le cas hier, à la veille du débat, de Jacques Myard, député UMP des Yvelines, et de Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne (non inscrit, ex-UMP). Lors d’une conférence de presse, tous deux ont insisté sur le fait que l’argument du coût des traductions, mis en avant par le gouvernement et le MEDEF pour justifier la ratification du texte, était « une manipulation ». « Ça ne réduira pas les coûts de dépôt des brevets », ont-ils martelé l’un et l’autre, affirmant que « seules les multinationales en bénéficieraient, pas les PME ».

Dénonçant « une politique de gribouille », Jacques Myard a mis en cause les groupes de pression, accusant « certains hauts fonctionnaires de vouloir plaire aux Anglo-Saxons avec l’espoir d’avoir des postes dans des organismes internationaux ».

Nicolas Dupont-Aignan, rappelant que seuls dix pays de l’UE sur vingt-sept ont ratifié le protocole, a souligné : « Nos amis espagnols, italiens, autrichiens, belges, qui, eux, ont refusé de ratifier, ne sont pas fous. Toute la francophonie nous regarde : comment peut-on prétendre la défendre si on n’est même pas capables de défendre le français chez nous ? Il s’agit d’une décision vitale pour l’avenir du français, mais aussi pour l’avenir de la diversité culturelle en Europe et dans le monde. Le président Chirac, mais aussi ses premiers ministres Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin l’avaient bien compris en refusant la ratification. »

Daniel Goldberg, député de Seine-Saint-Denis, a souligné lui aussi « l’appauvrissement pour la langue française » que risquait d’entraîner l’application du protocole, ajoutant que ce n’est « pas cela qui va résoudre le problème de la faiblesse de notre recherche ». Mais il n’a pu dire comment voteraient les socialistes mercredi, la question « étant encore en débat dans le groupe ». De leur côté, des députés communistes avaient déjà annoncé qu’ils voteraient contre ce texte. « Si ce protocole est adopté, on va nous demander de renoncer à notre langue, qui est notre premier outil de travail. Déjà, à compétence égale, les entreprises préfèrent embaucher des anglophones sous prétexte d’efficacité. On est en train de nous déposséder de notre langue. C’est pure folie », soulignait Jean-Lou Cuisenez, de la CFTC.

(1) Voir la liste des signataires sur le site http://www.comite-contre-protocole-londres.eu/

Françoise Germain-Robin

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