12 juillet 2008

On ne plante pas un arbre de travers !, par Nicolas Dupont-Aignan


Le projet d’Union pour la Méditerranée est une bonne idée que je défends depuis longtemps.

Il va de soi, qu’obnubilée par la construction européenne, la France a eu tendance ces derniers temps à ne pas porter assez d’attention à ses voisins du Sud. Comment multiplier les beaux discours sur l’aide au développement et ne pas renforcer notre coopération avec les pays riverains de la Méditerranée ?

Malheureusement la préparation du sommet du 13 juillet a laissé à désirer et deux obstacles majeurs, l’un de fond, l’autre de forme, risquent de mettre en péril ce fragile édifice.

Sur le fond, le Président Sarkozy a eu tort de capituler devant Mme Merkel en acceptant d’intégrer dans le projet les institutions de l’Union européenne. L’idée de départ d’Henri Guaino était la bonne. Seuls les pays riverains de la Méditerranée devaient participer à cette Union. Ce qui avait été accepté pour la mer Baltique devait l’être pour la méditerranée. En réintégrant dans le processus, la Commission de Bruxelles et l’Allemagne, on revient de fait au projet de Barcelone qui ne marche pas. Un arbre planté de travers ne peut pas s’épanouir. Il en sera de même de ce projet d’Union pour la méditerranée qui se verra toujours mettre des bâtons dans les roues par des pays qui refusent à la France le droit de jouer son rôle propre sur le flanc sud de l’Europe. Le second obstacle tient à la forme. Par pure mégalomanie de show-biz, le Président a voulu organiser à l’occasion du 14 juillet à Paris une rencontre entre les 27 dirigeants de l’Union et ceux du bassin méditerranéen. Il eût été préférable de ne pas tout mélanger. L’affiche pouvait paraître belle pour Paris Match, malheureusement elle sera entachée de sang.

Comment en effet accepter de voir l’armée française saluer devant la tribune officielle, place de la Concorde, le Président d’un pays, la Syrie, impliqué dans le terrible attentat du « Drakkar » au Liban en 1983. On demande en quelque sorte aux victimes de se soumettre à leur bourreau.

Je n’ai jamais été un avocat d’une politique étrangère, « droit de l’hommiste ». Je conçois très bien que l’on rétablisse progressivement des relations d’Etat à Etat avec la Syrie. Mais de là à faire preuve de tant de cynisme et d’impudeur, il y a un pas qu’il ne fallait pas franchir. Le 14 juillet est la fête de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité. Tout le contraire de ce triste spectacle qui fait honte aux Français.

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