16 juillet 2008

Se mobiliser pour la médiathèque de Rouen, par Thomas Lefèvre

Il est un sujet polémique à Rouen en ce moment : la construction de la médiathèque. Dernière des agglomération de sa taille à ne pas disposer d’une infrastructure de ce genre, la Municipalité dirigée par Pierre Albertini (ex-UDF, centriste indépendant) tenta d’y remédier lors du mandat précédent. Certes, la gauche émit de sérieuses critiques sur la forme et, notamment, sur la localisation excentrée de la future médiathèque. Elle priva ce projet culturel à vocation régional de leur soutien. Cette défection imputa donc l’essentiel du financement à la commune de Rouen. L’alternance étant faite aux dernières échéances municipales, le nouveau maire de Rouen décida de remettre à plat les engagements financiers de la ville par un audit. Le fait en soi était parfaitement légitime. Néanmoins, il servit de justification à l’arrêt de la construction de la médiathèque qui entamait le deuxième étage. Le fait est, en revanche, fortement contestable au regard du triple gâchis culturel, financier et de l’image de la ville de Rouen.


  • Un gâchis culturel : La future médiathèque était une nécessité culturelle pour la ville de Rouen. Sa présence était aussi le symbole d’une ambition culturelle. Elle devait rassembler les fonds patrimoniaux de la ville de même que les ouvrages les plus récents avec une utilisation des nouvelles technologies. Ce devait être une relance de la lecture publique et non une limitation comme le laisse entendre Valérie Fourneyron. Si la bibliothèque dédiée principalement aux fonds patrimoniaux et celle qui était située à proximité devaient fermer, les autres étaient conservées afin de garder un service de lecture publique de proximité. Ce faisant la médiathèque était le fer de lance de la politique culturelle de la ville avec un rayonnement plus ample. Dans ce gâchis culturel, je pense notamment aux agents préparant le transfert des fonds patrimoniaux de la Bibliothèque Villon à la Médiathèque. Leur travail depuis de nombreux mois tendait à l’ouverture de cette dernière. Qu’en reste-t-il ?


  • Un gâchis financier : L’article de Patrick Bottois de la Gazette des communes (version électronique) ne peut guère être plus clair : « La décision est lourde de conséquences, car la ville a déjà payé 9 millions d’euros au constructeur et que deux étages de la médiathèque sont pratiquement construits. Leur destruction en coûtera 4 millions d’euros à la ville […] ». Certes, le coût élevé (44 millions d’euros) pouvait interpeller sur ce projet qui était néanmoins un investissement à long terme. Il faut bien sûr voir les responsabilités de l’ancienne équipe municipale qui est passée outre l’opposition des autres collectivités dont la participation pleine et entière était fondamentale pour la réussite d’un tel projet. Mais, il faut également voir les responsabilités de la majorité politique locale actuelle. Une continuité devait être assurée dans la mesure où la décision avait été prise et où son exécution avait été bien avancée. Au résultat, même si le dernier conseil municipal a repoussé la destruction au profit d’une adaptation pour une autre utilisation de ce qui a été bâti, cette décision restera un gâchis car le nouveau projet demandera une adaptation qui aura encore un coût.


  • Un gâchis pour l’image de Rouen : Le communiqué de Christine Albanel, ministre de la Culture, est en soit révélateur. Cette dernière « regrette que cette décision ait été prise sans concertation avec ses services ». Cette décision n’apparaît pas tant pour un problème financier (qui aurait pu trouver sa solution avec la bonne volonté leurs collègues des autres collectivités) que par une réaction politicienne arrêtant un projet phare de la Municipalité précédente avec le soutien de l’Etat. L’interview de l’architecte du projet de médiathèque, réalisée il y a deux semaines par le quotidien Paris-Normandie, ne fait que souligner ce fait caractérisant cette décision comme une « honte pour la ville de Rouen ».
Au bilan de ce triple gâchis, les critiques de Valérie Fourneyron et de son équipe sur « les critères d’accessibilité » semblent faibles puisque l’ouverture d’une installation de cette envergure devait se cumuler avec une adaptation des services de transport en commun. Cela participait au renouveau du quartier Grammont avec la nouvelle gare. Quant aux visiteurs extérieurs à la ville de Rouen, l’accessibilité en était facilité au regard de la circulation et de la capacité de stationnement à faible de coût pour aller consulter, par exemple, les fonds patrimoniaux à la Bibliothèque Villon en plein centre-ville.

C’est pour cela que nous nous solidarisons avec le collectif des citoyens rassemblés sur le blog sauvonslamédiatheque.com et appelons les habitants de l’Agglomération de Rouen, et plus généralement les usagers des services culturels de la ville de Rouen à signer la pétition accessible sur Internet.


Vous trouverez sur le blog le lien pour signer la pétition.

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