03 septembre 2008

La « République des copains » offre une victoire inespérée aux nationalistes corses, par Nicolas Dupont-Aignan

Non malheureusement ce n’est pas un gag des Bronzés.

Quand la villa d’un « copain », en l’occurrence Christian Clavier, est envahie (sans violence, ni dégradation) par des nationalistes corses, on ne badine pas. Le responsable de la police sur l’île est alors démis de ses fonctions dans l’instant par le président de la République - ou plus exactement par son ministre de l’Intérieur à qui est confiée la sale besogne.

Qu’importe que les chiffres de la violence baissent depuis l’arrivée en poste de ce haut fonctionnaire très bien noté, un « grand flic » de l’aveu même de la profession unanimement choquée par cette destitution capricieuse. Le fait du prince passe avant le sens de l’Etat !

Qu’importe aussi que des dizaines de villas de citoyens anonymes aient été plastiquées sans que les plus hautes autorités de l’Etat s’en émeuvent le moins du monde. Dès lors qu’il s’agit des puissants et des proches amis, le deux poids deux mesures devient licite pour ne pas dire moral.

A cet égard, la justification de l’UMP, arguant que tout citoyen, fût-il un comédien vedette, a droit à la même protection de la part des forces de l’ordre, bat tous les records de la mauvaise foi et de l’indécence. Ce n’est bien entendu pas cela qui est en cause mais, à l’inverse, un traitement « classe affaire » dès lors qu’il s’agit d’un proche du pouvoir. Qu’importe enfin - et c’est sans doute là le plus grave - que le flop médiatique des nationalistes (grâce, précisément, à la gestion intelligente par M. Rossi de cette intrusion) ait été transformé à cause de l’intervention présidentielle en une victoire éclatante pour les amis de Monsieur Talamoni ! Si l’Elysée avait voulu offrir un sacré coup de pub aux nationalistes corses, il ne s’y serait pas pris autrement.

Désormais, pour se débarrasser d’un préfet ou d’un coordonnateur de la sécurité sur l’Ile de beauté, ces derniers sauront comment s’y prendre : investir la villa de tel ou tel « ami » et jeter un coq en plâtre au fond de la piscine de la résidence ! Les forces de l’ordre n’auront plus le choix : il leur faudra désormais assurer une bonne garde devant ces résidences de la plus haute importance pour la sûreté de l’Etat, quitte à dégarnir les endroits de moindre importance (préfectures, gendarmeries, perceptions, etc.) !

Mais trêve de – mauvaise – plaisanterie ! Le malaise d’aujourd’hui tient au fait que celui qui est censé montrer l’exemple, s’affranchit de toutes les règles. Certains de ses prédécesseurs s’efforçaient, à tout le moins, de préserver les formes. Nicolas Sarkozy, lui, a décidé de cultiver avec ostentation son bon plaisir.

Au diable, donc, le respect de la parole donnée, la cohérence des décisions, la morale de l’action, la dignité du comportement et de la fonction… « j’ai été élu, je fais ce que je veux quand je veux et comme je veux ! » semble dire aux Français leur Président.

Mais connaît-il vraiment l’âme du pays ? Se rend-il compte que le silence passif du peuple français annonce souvent de grandes colères populaires ? Croit-il sincèrement que nos concitoyens, qui ne sont pas dupes, vont supporter encore longtemps de le voir jouer ainsi, à sa guise, avec les institutions de la République, avec l’Etat, avec les médias, et même avec la vie de nos soldats… bref avec une chose publique, une Res Publica qui, par définition, n’est pas une chose privée ?

Préparons vite l’alternative !

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