11 décembre 2008

Déficit du commerce extérieur : le chiffre tabou, par Nicolas Dupont-Aignan

Le déficit commercial de la France s’est encore creusé en octobre à 7,066 milliards d’euros. Un nouveau record !

Sur les 12 derniers mois le déficit cumulé s’établit à 56,2 milliards d’euros. Là aussi, un record historique !

Ce désastre commercial résulte de la perte de compétitivité de notre économie mais aussi, et les deux sont liés d’ailleurs, des délocalisations multipliées depuis des années notamment dans le secteur automobile.

Cette nouvelle, qui aurait dans le passé obligé la France à prendre des mesures radicales (plan d’aide aux entreprises, dévaluation compétitive), ne suscite que des brèves dans les journaux. Inconsciemment ou non, le sujet est tabou car il révèle l’échec de l’euro et du libre échange intégral.

En effet notre pays à cause de la monnaie unique peut se permettre, en apparence du moins, un tel déficit sans répercussion sur son taux de change. Cependant l’euro n’est qu’un anesthésiant qui ne guérit pas le mal et qui, même, l’aggrave.

En effet, une part importante de ce déficit est liée à la surévaluation de la monnaie. S’il n’y a pas de crise de change, comme par le passé, la sanction se paye, en destruction de capacité économique, de croissance et d’emplois. Les cercles du pouvoir, complètement coupés du peuple, n’y sont guère sensibles et se rassurent avec le prétendu bouclier européen, mais les ravages du chômage de masse – en retour très rapide depuis 2 mois – n’en sont pas moins dévastateurs.

Nous sommes ainsi dans la situation du malade qui ne voyant plus la fièvre se croit en bonne santé, alors que la maladie continue de le ronger.

Avec l’aggravation continue du chômage, il va de soi que la réaction sera sociale et politique. Faut-il connaître des émeutes comme à Athènes pour faire comprendre que l’économie française va, en chantant, tout droit au précipice ! On ne pourra pas continuer longtemps à avoir d’un côté l’euro surévalué, et de l’autre l’absence totale de barrières douanières.

Soit les Européens décident de se protéger collectivement et ils pourront se permettre de conserver l’euro, soit ils laissent leurs marchés ouverts aux quatre vents et alors, la France, l’Italie et l’Espagne seront amenées, sous la contrainte de l’émeute, à sortir de l’euro et à dévaluer massivement leur monnaie pour affronter la compétition économique mondiale à armes moins inégales.

Bien évidemment, il serait indispensable aujourd’hui, au-delà de cette problématique européenne cruciale, de renforcer l’appareil productif français - baisse des charges sociales compensées par une réforme de la fiscalité, aides à l’innovation et à la recherche, réforme de l’Etat, amélioration de la formation professionnelle, politique industrielle. Mais tant que les grands (dés)équilibres européens n’auront pas préalablement été corrigés, tout effort national sera gigantesque pour un résultat minime…

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