14 janvier 2009

Bouffée d'oxygène, par Nicolas Dupont-Aignan

Hier je me suis rendu dans le Var et les Alpes-Maritimes pour préparer les élections européennes. Ces déplacements sont toujours une bouffée d’oxygène.

C’est un moment privilégié pour rencontrer les militants mais aussi des personnes non engagées qui s’interrogent et viennent faire connaissance. Bien évidemment tout cela n’a pas valeur de sondage mais on perçoit bien, au travers des divers contacts, l’humeur générale.

Une chose est sûre, beaucoup d’adhérents de l’UMP, lassés de l’agitation présidentielle désordonnée, nous rejoignent.

Mais ces déplacements sont aussi l’occasion de découvrir et de partager des initiatives intéressantes. Je pense ainsi à la visite, à Nice, de l’usine de l’inventeur du moteur à air comprimé.

Depuis 1996, Monsieur NEGRE se bat pour faire connaître et développer son invention de génie, un moteur propre au rendement énergétique supérieur même à celui de la voiture électrique. Il a aussi mis au point une organisation révolutionnaire de la production, reposant sur des mini-usines décentralisées et autonomes.

L’objectif est de réduire le coût de la logistique en supprimant bon nombre d’intermédiaires entre le fabricant et l’acheteur. Renault et tous les constructeurs européens, peut-être effrayés par ce modèle alternatif d’industrie automobile, l’ont mis à l’écart et refusé de saisir la chance que représentait son invention pour les petites voitures urbaines.

C’est le groupe indien d’automobiles TATA qui après 31 mois d’études a reconnu la fiabilité de ces prototypes et a acheté pour l’Inde son brevet. Le coût de ces petits véhicules sommaires mais très économes - et n’émettant pas de CO2 - sera inférieur à 5 000 euros. La commercialisation commencera en septembre, en dehors donc de toute implication de l’industrie automobile française…

Une fois de plus on ne peut que s’interroger sur cette incapacité française à repérer les talents, à aider la créativité et surtout à la diffuser. En vérité, la voiture à air comprimé remet en cause trop fondamentalement une chaîne économique colossale aux intérêts puissants. L’industrie automobile française n’a pas compris malheureusement suffisamment tôt que la voiture propre était l’enjeu de ce début de siècle. Elle n’a su que délocaliser à outrance et maintenant vient pleurer pour réclamer des subventions publiques.

Allons-nous laisser à la Chine, à l’Inde ou au Japon les innovations majeures du XXIème siècle ?

Il serait temps que l’aide publique que prévoit le gouvernement soit assortie de conditions draconiennes pour être sûr qu’elle serve le passage aux différentes nouvelles technologies (air comprimé, électricité, hydrogène). N’oublions pas que 10% du PIB français sont concernés…

On ne voit que trop le résultat de la politique acharnée des libéraux de gouvernement qui, plus royalistes que le roi, au nom d’une fausse modernité vouant aux gémonies l’Etat et la Nation, ont laissé tomber depuis une vingtaine d’années toute ambition industrielle nationale. Une ambition sans laquelle, ne l’oublions pas, la France n’aurait aujourd’hui ni TGV, ni Airbus, ni Ariane, ni centrale nucléaires, etc.

Au lieu de mimer le retour de l’Etat dans l’économie française, à coup de distribution généreuse d’argent public sans contrepartie réelle, il serait grand temps que le président renoue avec un vrai colbertisme, rendu plus que jamais nécessaire par la frilosité à courte vue d’un certain capitalisme tricolore. La France ne pourra attendre éternellement, sauf à voir ses Airbus de demain financés et exploités par la Chine et l’Inde qui, elles, n’en sont pas à un colbertisme près…

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