Le site Marianne2.fr vient de publier un article sur la réaction de l'économiste Jean-Luc Gréau. Celui-ci qui avait participer à la table ronde des Universités de Rentrée de DLR en septembre 2008 sur le thème du protectionnisme européen réagit au G20 qui s'est tenu il y a quelques jours. Vous trouverez cet article ci-dessous.
L’auteur de «La Trahison des économistes» critique vertement les mesures prises à l’occasion du sommet de Londres et en appelle, à nouveau, à la mise en place d’un «protectionnisme européen».
Ne surtout rien changer, si ce n’est à la marge. Donner l’impression que l’on agit, mais ne pas s’attaquer de front aux véritables problèmes. Invité à participer à un forum du club Gauche avenir, ce week-end, à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Gréau a affirmé queiles « puissants de ce monde » réunis à Londres ont réussi leur coup : « L’objectif du G20 était de sauver le soldat libre-échange ». L’économiste en veut pour preuve tous les sujets sur lesquels l’impasse a été faite. Il évoque notamment « la titrisation » alors que l’on connaît aujourd’hui parfaitement la responsabilité de cette pratique dans la crise des subprimes. Mais ce qu’il regrette aussi, c’est que le G20 n’ait pas donné « un diagnostic purement économique » de la crise.
Lui qui « il y a quinze ans, [était] libre échangiste », lui qui se définit comme étant de « tradition libérale de droite » (il a œuvré comme expert au Medef, ndlr), livre sans hésiter son interprétation de la crise. Il évoque en premier lieu « la sous-rémunération du travail » qui a conduit à « l’endettement des ménages » : « Il a pris une intensité particulière depuis quinze ans. Nous sommes passés d’un régime d’endettement acceptable à un régime d’endettement inacceptable. »
Lui qui « il y a quinze ans, [était] libre échangiste », lui qui se définit comme étant de « tradition libérale de droite » (il a œuvré comme expert au Medef, ndlr), livre sans hésiter son interprétation de la crise. Il évoque en premier lieu « la sous-rémunération du travail » qui a conduit à « l’endettement des ménages » : « Il a pris une intensité particulière depuis quinze ans. Nous sommes passés d’un régime d’endettement acceptable à un régime d’endettement inacceptable. »
Il voit donc derrière la tempête financière, économique et sociale (et peut-être bientôt politique ?) que nous traversons, « une crise de la demande ». Mais il distingue deux types de pays parmi les premières victimes de cette crise. D’une part, les pays qui ont joué le jeu du surendettement à outrance (Etats-Unis, Angleterre, Espagne, etc) e, d’autres part, les pays qui apparaissaient comme étant « les plus compétitifs » : « Ce sont ces pays qui ont été les plus touchés : le Japon, la Corée, l’Allemagne. Il faut rappeler ça aux partisans du libre-échange ».
Jean-Luc Gréau a aussi proposé une batterie de mesures pour réformer le système. L’auteur de La Trahison des économistes (1) propose pêle-mêle de « revaloriser le travail », de « nationaliser les banques » (« A la faveur de la crise, explique-t-il, les banquiers ont pris le pouvoir » !), de « rétablir un marché coopératif du crédit », d’« encadrer la titrisation » et de lancer « un nouveau Bretton Woods ».
« Il faut ouvrir le débat sur le protectionnisme »
Mais il propose, aussi et surtout, d’« ouvrir le débat sur le protectionnisme » : « Le G20, s’indigne-t-il, l'a clôt avant qu’il n’ait commencé » ! Et de se moquer de ceux qui voient dans le protectionnisme « une maladie », comme Pascal Lamy dont il fait semblant de ne plus savoir s’il est directeur général de l’Organisation mondiale du commerce ou de l’Organisation mondiale de la santé !
Jean-Luc Gréau réfute par ailleurs en bloc l'argument maintes fois utilisé par les opposants au protectionnisme qui consiste à dire que son application au moment de la crise de 1929 a conduit à la catastrophe : « On est en train de falsifier l’histoire des années 1930. Les deux secteurs moteurs de l’économie américaine étaient l’automobile et le logement. Entre 1929 et 1932, la construction chute de 80%, l’automobile de 75%. Ce sont des marchés intérieurs qui se sont effondrés… »
Voilà pourquoi il n’hésite pas aujourd’hui à « [appeler] de [ses] vœux » la mise en place d’un « protectionnisme européen » : « Il faut refonder l’Europe avec une nouvelle doctrine de la concurrence européenne. Cela permettra d’établir une concurrence loyale, équitable. Mais il faut un protectionnisme moderne, intelligent, éclairé, partiel… » Intelligents et éclairés, les « 20 », ne l’ont pas été assez à son goût. Reste les responsables politiques français ? Jean-Luc Gréau regrette d’avoir si peu vu le protectionnisme évoqué dans les programmes des partis pour les élections européennes…
(1) La Trahison des économistes. Editions Gallimard, 2008, 250 pages, 15,50 euros.
Voilà pourquoi il n’hésite pas aujourd’hui à « [appeler] de [ses] vœux » la mise en place d’un « protectionnisme européen » : « Il faut refonder l’Europe avec une nouvelle doctrine de la concurrence européenne. Cela permettra d’établir une concurrence loyale, équitable. Mais il faut un protectionnisme moderne, intelligent, éclairé, partiel… » Intelligents et éclairés, les « 20 », ne l’ont pas été assez à son goût. Reste les responsables politiques français ? Jean-Luc Gréau regrette d’avoir si peu vu le protectionnisme évoqué dans les programmes des partis pour les élections européennes…
(1) La Trahison des économistes. Editions Gallimard, 2008, 250 pages, 15,50 euros.
Lundi 06 Avril 2009 - 06:52
Gérald Andrieu
Gérald Andrieu
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