22 septembre 2007

Parler moins, présider plus !, par Nicolas Dupont-Aignan

Au cours de la semaine, le Président de la République a été sur tous les fronts. Retraites, Fonction publique, Iran, euro, on ne compte plus les discours, les interviews et les confidences qui ont submergé chaque jour, matin, midi et soir, les médias.

Au-delà du style qui peut plaire ou déplaire, je m’interroge sincèrement sur cette méthode de communication. Cette saturation de l’espace médiatique et donc démocratique est-elle durable, c'est-à-dire crédible ? D’autant que Nicolas Sarkozy se comporte davantage comme un candidat que comme un Président.

Sa soif de convaincre s’apparente de plus en plus à la méthode Coué comme si face aux difficultés inhérentes à l’exercice du pouvoir il voulait se rassurer en imaginant que le verbe est action.

Pour les Français la campagne électorale est terminée. Les décisions, les actes et à moyen terme les premiers résultats comptent davantage pour eux que les pétitions de principe et les grandes déclarations, voire les rodomontades.

Exercice d’autant plus périlleux pour le Président que malgré l’obéissance aveugle de TF1 ou Europe 1, il ne peut quand même pas cacher aux Français ni les mesures concrètes arrêtées ni tout simplement les évènements du monde.

Les Français ne sont pas idiots et après le traditionnel délai de grâce, ils vont bien percevoir le grand écart, pour ne pas dire la contradiction, entre le discours et la pratique. L’excès de parole déconnecté de la réalité va tout à coup apparaître insupportable à nos concitoyens.

Il y a donc urgence pour le Président à laisser son Premier Ministre gouverner, ses Ministres agir et sa majorité contrôler. Il y a aussi urgence pour le Président à mettre en cohérence notamment au niveau européen ses propos et ses actes.

- Sur la Turquie, je ne vois pas comment il pourra continuer longtemps à se dire opposé à son adhésion et à laisser ouvrir les négociations.
- Sur l’euro surtout, rien ne sert d’attaquer la Banque Centrale européenne si on ne se donne pas les moyens de changer sa politique. Il fallait pour cela au Conseil européen de juin à Bruxelles refuser bien sûr de signer le mini traité pour obtenir de l’Allemagne un changement de statuts de la Banque Centrale européenne. Cette affaire est essentielle car encore une fois avec un euro à 1,41 $, c’est toute l’économie française qui est asphyxiée, la croissance cassée, les déficits augmentés…

Les meilleures intentions du monde du Président sur la Fonction publique, les retraites risquent alors de se fracasser sur la réalité d’une politique européenne suicidaire.

A l’approche des tempêtes internationales et européennes, le Président doit parler moins et présider plus ! C’est l’intérêt de la France et donc le sien.

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