22 octobre 2007

Le danger d'un Président de la République chef de parti, par Nicolas Dupont-Aignan

Hier, je suis tombé, stupéfait, sur les journaux du soir montrant Nicolas Sarkozy au bureau politique de l’UMP.

Je n’en ai pas cru mes yeux et mes oreilles : en agissant ainsi, le chef de l’Etat est en train d’abaisser gravement la fonction présidentielle car il la fait chuter de son piédestal d’au-delà des partis.

N’oublions pas en effet que le président de la République, élu au suffrage universel direct, est la vraie et seule clé de voûte de nos institutions. C’est par rapport à lui que s’organisent tout notre paysage institutionnel. Comme les Maires, le locataire de l’Elysée joue un rôle d’arbitre et de représentant de tous les citoyens, en l’occurrence de toute la Nation, par delà sa propre étiquette.

C’est ainsi que Charles de Gaulle l’avait voulue et imposée aux caciques du régime des partis, afin de libérer le Chef de l’Etat de toute emprise partisane et d’établir une relation directe avec son seul mandant : le peuple français, c'est-à-dire tous les Français. Cette mystique du rassemblement national n’est pas seulement fidèle à une vision digne et ouverte de l’action politique, elle est la seule à même de produire une action présidentielle réellement au service de tous, au service de l’intérêt général, au service des Français et de la France.

Rabaisser sa dignité et son rôle de « père la Nation » pour en faire un simple chef de parti, voire de clan, sa majorité fût-elle pléthorique au Parlement, c’est briser l’esprit et le ressort de nos institutions.

C’est d’autant plus dangereux que le président de la République concentre un pouvoir très grand, lequel ne saurait être mis au service d’un rôle de chef de parti ou de majorité sans que le prix à payer ne soit à l’arrivée très élevé : les Français étant d’humeur changeante et ne se privant pas d’être féroces envers leurs gouvernants lorsque le mécontentement survient, le président de la République aura tout à perdre à avoir ainsi mis sur sa propre tête, et seulement sur elle, le paratonnerre institutionnel…

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