02 octobre 2007

Une rentrée parlementaire surréaliste, par Nicolas Dupont-Aignan

Manifestement le Président de la République n’a pas attendu les conclusions du rapport Balladur pour vider de sa substance la fonction de Premier Ministre.

Au moment où François Fillon et le gouvernement effectuent leur rentrée, Nicolas Sarkozy choisit une nouvelle fois d’inviter à l’Elysée les parlementaires de l’UMP et du Nouveau Centre. C’est une double faute. Tout d’abord le Président asphyxie celui qu’il a lui-même nommé pour diriger le gouvernement. Ensuite, il rapetisse sa propre fonction présidentielle en devenant le chef de la majorité plutôt que le Président de tous les Français !

A force de triturer dans tous les sens nos institutions, à force de vouloir toujours aller plus vite et plus loin, le Président se rend-t-il compte qu’il joue avec le feu !

Mais au-delà des institutions, les contradictions présidentielles commencent manifestement à inquiéter beaucoup de parlementaires qui pourtant, il y a quelques semaines seulement, ne tarissaient pas d’éloges à l’égard du nouveau Président.

Contradiction économique, avec d’un côté un discours de syndic de faillite et, de l’autre, des mesures très coûteuses (le fameux paquet fiscal qui prive notre budget de 12 milliards d’euros de recettes) dont l’efficacité est sujette à caution.

Contradiction européenne, avec d’une part un discours courageux inspiré par Henri Guaino sur la Banque Centrale européenne et, de l’autre, la signature d’un traité simplifié qui est la reprise in extenso (moins les symboles) de la Constitution européenne pourtant rejetée massivement par les Français.

Contradiction enfin dans le domaine de l’éducation, avec d’un côté un appel à l’effort signant soi-disant la fin de l’esprit 68 et, de l’autre, la réduction ahurissante du nombre d’heures de cours en primaire et peut-être même au collège pour faire des économies d’effectifs, sous le faux prétexte de la libération totale du samedi matin au profit des familles.

Toutes ces contradictions s’expliquent en vérité par la précipitation présidentielle, une volonté de saisir l’évènement, et même de s’y installer en permanence, de privilégier l’émotion et les effets de manche au détriment de la raison et d’une action systématique dans la durée. Au point de rétrécir l’action du Chef de l’Etat à une simple politique des apparences éphémères. Pourtant, ce qui peut faire l’affaire en campagne électorale n’est pas nécessairement promis au succès à la tête du pouvoir : tout simplement parce que la réalité finit toujours par s’en mêler…

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