24 avril 2008

Nicolas Sarkozy rompt ses promesses sur la Turquie !, par Nicolas Dupont-Aignan

Après le pouvoir d’achat en berne, le retour de la Constitution Giscard et l’Afghanistan, Nicolas Sarkozy rompt ses promesses sur la Turquie !

J’apprends avec stupéfaction que le projet de réforme de nos institutions présenté hier matin au conseil des ministres prévoit bel et bien la suppression du référendum obligatoire pour toute nouvelle adhésion à l’Union européenne.

Le principal verrou à l’entrée de la Turquie serait ainsi supprimé. Nicolas Sarkozy qui a passé sa campagne présidentielle à pourfendre l’adhésion turque, demande maintenant aux parlementaires de lui ouvrir un véritable boulevard. Comme pour la défense du pouvoir d’achat, le grand discours sur les frontières de l’Europe n’était donc qu’une posture, un leurre.

Ce cynisme participe d’un véritable mépris du peuple. Après avoir passé outre la volonté populaire exprimée le 29 mai 2005 en faisant ratifier le traité de Lisbonne (copie conforme de la Constitution Giscard) par le Congrès, le Président empêche les Français de donner leur avis sur le visage futur de l’Europe.

Le discours officiel ne tient pas la route une seconde. Nicolas Sarkozy étant hostile à l’entrée de la Turquie, nous n’aurions plus besoin de référendum. De qui se moque-t-on ? Quand on se souvient qu’une fois élu, le Président n’a pas voulu mettre le veto sur l’ouverture de trois chapitres supplémentaires de négociations d’adhésion, on en est en droit et même en devoir de douter de la sincérité de ses assurances ! Et ce n’est pas un nouveau talk-show qui, comme par un coup de baguette magique, arrangera les choses…

Non, ce que les Parlementaires, attachés à une idée responsable de l’Europe comme au respect du peuple, doivent obtenir du Président, c’est au minimum une solution de juste milieu : ce pourrait être le maintien de l’obligation référendaire dès lors qu’il s’agit de ratifier l’adhésion d’un pays candidat de plus de 10 millions d’habitants. Ainsi, l’obstacle serait levé pour l’adhésion de pays comme la Croatie, qui pose à l’évidence moins de difficultés.

Car l’enjeu, rappelons-le, est majeur : loin de se résumer à une histoire de sympathie ou d’antipathie envers la Turquie et le monde musulman, la question de cette adhésion pèsera très lourd dans l’avenir d’une construction européenne déjà fortement menacée par ses propres échecs économiques et son inquiétante dérive antidémocratique. Comment les Députés et Sénateurs de l’UMP réagiront-ils ? Après la déroute des municipales avaleront-ils une fois de plus leur chapeau ?

Jusqu’où irons-nous ? Pour ma part, comme pour le traité de Lisbonne, comme pour le retour programmé dans l’OTAN, je ne dévierai pas d’un pouce. Je refuse la politique du pire consistant à intégrer la Turquie à l’Europe, au risque de conduire à son explosion. Nous avons besoin d’une Europe remise à l’endroit, ce qui n’exclut pas bien sûr des partenariats forts avec les pays voisins : Russie, Turquie, Maghreb,….

L’essentiel est en jeu. Plus que jamais il faut exhorter les Français à ouvrir les yeux et préparer dès maintenant l’après-Sarkozy !

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