01 juillet 2008

Europe : les raisons de la colère, par Nicolas Dupont-Aignan

Les dirigeants européens ressemblent de plus en plus à des enfants en colère qui, rappelés à l’ordre par leurs parents, cassent leurs jouets de fureur. En l’occurrence ce sont les peuples, par le suffrage universel, qui, à trois reprises, les ont rappelés à l’ordre, opposant une saine résistance à la tentative de leur imposer une Union européenne toujours plus supranationale.

Plutôt que d’écouter la voix des peuples, de tenter de comprendre la motivation des rejets référendaires, les dirigeants ont joué l’épreuve de force, le contournement du vote populaire, en un mot la crise. Une crise dont ils font ensuite porter la responsabilité aux peuples pour culpabiliser ceux qui ne pensent pas comme eux.

Ce jeu est particulièrement dangereux pour l’idée européenne elle-même qui est de plus en plus assimilée à la manière de construire l’Europe. En refusant aux peuples de décider librement et démocratiquement le visage de l’Europe, ils condamnent les Européens à avaliser une « mauvaise » Europe ou à rejeter toute Europe. Dans ce contexte, le Président de la République, navigue à vue, jetant sans s’en rendre compte beaucoup d’huile sur le feu, sans aucune chance de succès. D’un côté en effet, il épouse le diagnostic populaire en reconnaissant que cette Union européenne ne marche pas mais, de l’autre, il s’incline de fait devant la technocratie européenne laissant s’aggraver les dérives qu’ils contestent. Ce fossé entre les discours à Paris et les décisions à Bruxelles est saisissant.

Pourquoi reconnaître les failles de l’Union européenne et vouloir imposer aux Irlandais un nouveau vote pour poursuivre la ratification ?

Comment faire toujours campagne contre l’adhésion de la Turquie et accepter l’ouverture des chapitres de négociations à Bruxelles, sans parler même de la suppression du caractère obligatoire du référendum sur la Turquie ?

Pourquoi critiquer la gestion de la Banque Centrale européenne et au lendemain de son élection, fort du soutien du peuple, ne pas exiger au moment de la signature du Traité de Lisbonne, un changement de statuts de la Banque Centrale européenne ?

Comment oser demander des plafonnements de TVA sur l’essence, alors qu’il sait que ses partenaires ne le souhaitent pas et qu’il suffirait d’agir au niveau national ?

En vérité, l’Union européenne est à un tournant de son histoire. La construction artificielle, bureaucratique et anti démocratique construite à Bruxelles engendre irresponsabilité politique, confusion et immobilisme, terreau idéal pour la régression économique et sociale comme pour le recul de la démocratie.

Les institutions communautaires veulent s’occuper de tout dans la vie des Nations mais ne sont pas capables de les faire coopérer dans quelques domaines clés pour faire de l’Europe le multiplicateur de puissance dont on a tant besoin pour relever les défis de la mondialisation.

Le choix est simple : allons-nous continuer à subir cette impuissance collective ou, au contraire, garder le meilleur de la réconciliation de l’Après-Guerre tout en osant lutter contre le moins bon (voire le pire) qui dénature la belle idée européenne ?

Le Chef d’Etat qui osera proposer le plan B sera au rendez-vous de l’histoire et sauvera l’Europe.

La tâche n’est pas aisée, certes. Il faut à la fois appuyer sur le frein de l’intégration uniforme à 27 et sur l’accélérateur des coopérations à la carte. Il faut savoir résister aux intérêts qui, aujourd’hui, gouvernent le Monde et l’Europe, pour défendre le seul intérêt général. Il faut avoir une vision géopolitique pour établir des partenariats avec la Russie, la Turquie, le Maghreb, tout en stoppant l’élargissement sans fin.

Ces huit propositions que je formule (et que vous pouvez retrouver ici en un seul clic : ICI ), donneraient un espoir aux Français et aux Européens qui pourraient à nouveau réconcilier leur amour de la Nation et leur souhait de vivre ensemble.

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