18 octobre 2008

Mister Président : le sommet de la francophonie se tient à Québec, pas à Washington !, par Nicolas Dupont-Aignan

Pour la première fois depuis sa création le sommet de la francophonie ne sera pas clos dimanche prochain à Québec par le Président de la République française.

Nicolas Sarkozy a préféré faire faux bond à 54 chefs d’Etat et de Gouvernement francophones pour aller rencontrer, avec M. Barroso, Georges Bush.

Certes, la crise financière nécessite une rencontre entre Européens et Américains, mais il était tout à fait possible pour le Président de la République d’organiser son agenda de manière à concilier les deux évènements.

En passant en coup de vent à Québec, Nicolas Sarkozy révèle malheureusement le peu d’intérêt qu’il manifeste depuis toujours pour la francophonie et la défense de la langue française.

Comment demander aux 54 chefs d’Etats des pays membres de l’organisation internationale de la francophonie de s’impliquer, si la France manifeste un dédain à l’égard de cet engagement collectif.

Quel gâchis, quand on sait :
- que le somment de Québec se tient l’année du 400ème anniversaire de la fondation de l’Amérique française par Samuel de Champlain,
- que l’objet des travaux du dimanche matin est la langue française elle-même,
- que c’est la première rencontre internationale, depuis le déclenchement de la crise financière, avec des chefs d’Etat de pays en voie de développement, notamment africains.

Après le discours de Dakar, qui a révulsé les dirigeants africains, après le renforcement de nos troupes en Afghanistan, après l’annonce de la réintégration prochaine de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, cette décision symbolique prend un sens particulièrement inquiétant.

En fait, le Président de la République n’a pas compris le rôle mondial de la France. Au moment où un monde multipolaire émerge, Nicolas Sarkozy conserve une vision rétrécie de la politique étrangère.

Il croit renforcer la France, et surtout son prestige personnel, en se concentrant sur la relation euro-atlantique alors qu’en vérité il enferme un peu plus notre pays dans une position de dépendance qui l’affaiblit aux yeux du monde entier.

P.S. La révélation d’une perte de 600 millions d’euros par les Caisses d’Epargne sur des marchés spéculatifs prouve bien ce que je n’ai cessé de dire depuis le début de la crise financière qu’il est irresponsable de renflouer les banques avec l’argent public sans en contre partie exiger le départ des dirigeants les plus fautifs et surtout sans revoir les règles de régulation du système.

Je renvoie, une fois de plus, aux 21 propositions que j’ai présentées le 1er octobre dernier.

En vérité, les Français découvrent avec effroi que le petit monde oligarchique qui les a précipités dans la tourmente, s’exonère de tout esprit de responsabilité.

Ce n’est pas étonnant puisque le pouvoir politique confie aux pyromanes le soin d’éteindre l’incendie.

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