28 octobre 2008

« Plan pour l’emploi » : la montagne accouche d’une souris, par Nicolas Dupont-Aignan

Les mesures annoncées par le Chef de l’Etat à Rethel dans le cadre d’un ensemble baptisé « plan pour l’emploi », laissent pour le moins sur sa faim.

Bien sûr, il est indispensable de prendre des mesures d’urgence pour amortir des effets d’une crise qui s’annonce dévastatrice. Mais, au-delà du choc conjoncturel, ce qui est en jeu, c’est la capacité de l’économie française (et européenne) à rebondir, à éviter qu’une récession ponctuelle ne se transforme en une dépression de grande ampleur et de longue durée.

A cet égard, parmi d’autres, l’augmentation des contrats aidés, l’extension du Contrat de Transition Professionnelle ou encore le remplacement de la Convention de reclassement personnalisée, traitent les effets en s’interdisant de toucher aux causes, d’ordre national ou d’ordre européen.

Des causes qui sont pourtant connues. Au plan national, les charges sociales demeurent trop lourdes, continuant de peser sur la production et l’emploi, faute d’avoir osé la TVA sociale comme au Danemark ou en Allemagne. Au plan européen, bien sûr, il y a un pilotage monétariste de l’économie qui privilégie la rente en pénalisant l’investissement, le travail et la production, une phobie irréaliste de l’inflation qui confine à la déflation permanente, un dogme absurde de la concurrence qui condamne toute politique industrielle au-dedans et ouvre les vannes des produits importés au dehors, etc. Bref, alors que la réalité impose de réviser radicalement les orientations malthusiennes et antisociales de Bruxelles, malgré leur échec patent, on se contente simplement de les mettre au congélateur… surtout d’ailleurs lorsqu’il s’agit de sauver des banques d’une coupable irresponsabilité !

On trouve 400 milliards pour les banques, mais on jette l’aumône aux salariés et à la relance. Le discours sous-jacent est connu, bien que scandaleux et faux : l’argent pour les banques serait nécessaire là où celui pour la relance serait gaspillé. Cette conception de la relance minimaliste est pourtant délétère pour les finances publiques : car, encore une fois, le traitement social du chômage, sans mesures structurelles fortes pour la croissance, aggrave les déficits publics sans traiter la racine du problème. Autant arroser le sable…

Ce deux poids deux mesures injuste et inefficace a une cause évidente qu’il ne fait pas bon dire : les règles européennes et de l’OMC, taillées sur mesure pour un capitalisme de rente et de spéculation et inscrites au cœur du traité de Lisbonne, n’ont été mises qu’entre parenthèses. Le président de la République est très ambigu : d’un côté il pourfend les « dogmes de Bruxelles », de l’autre il signe des deux mains un traité de Lisbonne qui les aggrave et fait les gros yeux aux courageux Irlandais qui votent « non ».

Nicolas Sarkozy multiplie les déclarations martiales pour faire croire qu’il va réellement porter le changement qu’attendent les Français. Mais pourquoi n’ajourne-t-il pas la privatisation rampante de la Poste ? Pourquoi ne proclame-t-il pas le maintien sans limitation de durée des tarifs administrés du gaz et de l’électricité ? Pourquoi n’engage-t-il pas une vraie politique de relance adossée à l’Etat ? Pourquoi prête-t-il aux banquiers sans entrer au capital des banques pour s’assurer qu’elles honorent leurs promesses en matière de distribution du crédit à des taux raisonnables ? Pourquoi ne convoque-t-il pas une conférence nationale des revenus du travail pour engager le rattrapage de 30 ans d’écrasement des salaires ?

Après le traitement social des banquiers puis, avec des moyens sans commune mesure, celui des chômeurs, quand viendra donc le plan de relance de l’économie française et européenne seul capable d’offrir aux Français les emplois et le niveau de vie attendus de tous ?

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