17 mai 2010

Dupont-Aignan : "Sortons de la monnaie unique en bon ordre, il est encore temps"

Après le mirage du sarkozysme, voici venu le temps du mirage de l’antisarkozysme. Il suffirait de changer l’excentrique locataire de l’Elysée, de supprimer son totémique bouclier fiscal, pour que tout rentre dans l’ordre. Les candidats, notamment à droite, se bousculent en vue de 2012.
Mais expliquer le désamour des Français pour leur président par sa difficulté à habiter la fonction ne suffit pas. Car l’ampleur de la disgrâce tient surtout à l’immense désillusion des Français qui avaient cru à sa rupture avec la pensée unique et attendaient des résultats sur l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité, la maîtrise de l’immigration… Celui qui défiait la pensée unique en est devenu le symbole, les actes n’ont pas suivi les discours.

Malheureusement, comme lui, ses rivaux de l’UMP et du PS ont capitulé face à une mondialisation inhumaine et ne divergent que sur la forme et la couleur du pansement à appliquer sur les plaies à vif d’une France qui s’embourbe chaque jour davantage dans la régression économique et sociale. Pour vaincre la maladie du chômage de masse qui gangrène notre société, il faut plus qu’un pansement. C’est tout l’enjeu de 2012. Pour gagner la bataille de l’emploi, il faut relancer la croissance, et donc tout miser sur la compétitivité de notre pays. Cela exige une vraie rupture cette fois. Rupture au niveau national avec les clientèles, les réseaux, les lobbies, car la somme des intérêts particuliers n’a jamais fait l’intérêt général. Cela passe par une révolution fiscale (modulation de l’impôt sur les sociétés selon l’utilisation des bénéfices, TVA sociale,…) favorisant enfin l’investissement, l’innovation, la production localisée sur le territoire français. Cela passe encore par un grand coup de pied dans la fourmilière de l’oligarchie bancaire

Mais la rupture doit aussi se faire au niveau européen pour sortir de l’asphyxie de l’euro cher, du dogme de la concurrence et du libre-échange déloyal. Veut-on dans cinq ans ressembler à la Grèce saignée par des Diafoirus, le fameux médecin de Molière ? Voilà pourquoi, si l’on veut retrouver une dynamique de croissance, et retrouver une marge de manœuvre pour investir dans l’avenir, la sortie de l’euro est une urgence absolue. Sortir maintenant en bon ordre de la monnaie unique, ou le faire d’ici à quelques années de manière subie, dans le chaos le plus complet et après une cure d’austérité aussi inutile que dévastatrice pour notre économie, tels sont les termes du choix qui se pose à nous. Il ne faudra pas compter sur ceux qui ont inventé la monnaie unique pour défaire ce système malthusien, tant ils paraissent résolus à entraîner les peuples dans leur fuite en avant, jusqu’à l’abîme. Ils ont tort de lier le sort de l’Europe à celui de la zone euro, car c’est tout au contraire en rendant aux monnaies nationales leur liberté que l’on permettra à l’Union européenne de relever les défis de l’avenir, à travers des coopérations à la carte, scientifiques, technologiques, industrielles, environnementales…

C’est tout le sens de la pétition nationale lancée par Debout la République. Ce débat, majeur, sera bel et bien au cœur de la prochaine élection présidentielle.

* Député de l’Essonne, président de Debout la République.

Propos recueillis par Alexis Lacroix

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