18 juin 2010

"La gaullisme n’est pas une nostalgie !"

jeudi 17 juin 2010



Son héritage gaulliste, Nicolas Dupont-Aignan le clame haut et fort. Interrogé par leJDD.fr à l’heure de la commémoration du 70e anniversaire de l’appel du 18-Juin, le président du mouvement souverainiste Debout la République en fait même l’éloge de sa modernité. Et fustige tous ceux qui en trahissent l’esprit, Nicolas Sarkozy en tête.
Quel message retenez-vous de l’appel du 18-Juin ?
Quand tout est perdu, il y a toujours un espoir. C’est un message extraordinaire. Alors que tout le monde était résigné, un homme s’est dressé et a sauvé l’honneur du pays. C’est tout à fait essentiel. Et quand on voit, aujourd’hui, le niveau de résignation dans notre pays - alors que la situation en 1940 était bien pire - on se dit qu’il existe bien une solution de retrouver l’espoir…
Sur votre blog, vous indiquez que vous commémorerez le 18-Juin, non pas à Londres comme Nicolas Sarkozy, mais dans la Somme auprès de salariés menacés par une délocalisation. Pourquoi ?
L’appel du général de Gaulle est un message de résistance. Or, aujourd’hui, je crois que l’enjeu est de résister à la capitulation économique et sociale, qui se traduit par des délocalisations, un chômage de masse et la désespérance des habitants. Je crois que faire vivre l’appel du 18-Juin, c’est épouser les combats du 21e siècle et pas seulement honorer nos anciens. Ceci est louable bien entendu, mais il faut aller au-delà. Symboliquement, je veux montrer qu’il existe des combats qui nécessitent l’urgence.

La "schizophrénie effrayante" de Sarkozy

La présence à Londres de Nicolas Sarkozy n’est-elle pas un geste politique fort de sa part ?
En tant que président de la République, c’est un geste politique fort, je ne le conteste pas. En revanche, nous assistons dans le même temps à une récupération politique inacceptable. Tout ce que fait Nicolas Sarkozy depuis 2007 n’est qu’une remise en cause des acquis du général de Gaulle. Il s’agit même d’une véritable entreprise de démolition.
Qu’est-ce qui vous faire dire cela ?
De très nombreux exemples qui vont à l’encontre du gaullisme : le non respect du peuple, avec la remise en cause du référendum européen de 2005 par le Traité de Lisbonne ; le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan ; une obéissance aux intérêts bancaires et non à l’intérêt général ou encore une pratique du pouvoir qui fait de Nicolas Sarkozy un chef de clan et non le président de tous les Français. Tout cela pour dire qu’il cultive une schizophrénie effrayante.
Effrayante, carrément ?
Oui, c’est très choquant. Nicolas Sarkozy affirme reprendre l’héritage du général alors qu’il ne fait que le saborder. La cerise sur le gâteau étant l’accord passé avec Angela Merkel aux termes duquel la France abandonne sa souveraineté à Bruxelles en matière budgétaire (*). Comment peut-on mener une telle politique et, dans le même temps, faire un grand discours à Londres ? Cela n’a aucune crédibilité. Pour autant, je ne demande pas à Nicolas Sarkozy d’être gaulliste, je regrette seulement son double langage permanent.

"Les Français ne sont plus libres"

A droite, Dominique de Villepin se revendique également du gaullisme. Est-il plus crédible ?
Oui, évidemment. Il suffit de regarder les actes : il l’a éminemment prouvé lors de son discours à l’ONU en 2003 sur l’Irak. Il l’est un peu moins, en revanche, quand il accepte lui aussi la supranationalité de l’Union européenne.
Finalement, le véritable héritier du général de Gaulle, c’est Nicolas Dupont-Aignan...
Je n’ai pas cette prétention et je n’ai d’ailleurs pas à distribuer des "brevets de gaullisme" à qui que ce soit. Je dis juste que ceux qui s’en réclament en paroles, bien souvent, le trahissent allègrement dans les actes.
A vous entendre, on a l’impression que le gaullisme est une doctrine figée, sans capacité de pouvoir s’adapter à son époque…
Non, pas du tout. Le gaullisme n’est pas une nostalgie. En revanche, j’estime que l’on n’a pas à se réclamer du gaullisme quand on fait l’inverse. Sur le couple franco-allemand, je n’oublie pas que c’est le général de Gaulle qui a montré la voie. Mais, à l’époque, il s’agissait d’une relation d’égal à égal. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et cela me met profondément en colère. Le général de Gaulle s’est battu pour que les Français soient libres et maîtres de leur destin. Aujourd’hui, ils ne le sont plus. C’est tout à fait révoltant.
(*) Nicolas Dupont-Aignan fait référence à la possibilité pour la Commission européenne d’avoir un droit de regard sur les grandes lignes du budget de chaque Etat membre. Une initiative prise par les ministres des Finances des 27 début juin, dans le cadre d’une meilleure gouvernance économique de l’UE, et qui fait toujours polémique.

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