23 novembre 2007

La politique de la posture, toujours et encore..., par Nicolas Dupont-Aignan

La grève des transports symbolise vraiment l’incapacité de notre pays à résoudre intelligemment les problèmes auxquels il est confronté. A l’exception des usagers, la dureté du conflit semble arranger tous les acteurs.

Du côté des syndicats, c’est le moyen d’éviter de perdre leur base ulcérée d’être pointée du doigt comme des privilégiés. Du côté du gouvernement, il y a une certaine satisfaction à afficher le visage d’une fermeté au service de la justice, alors même que sa politique économique et sociale est incompréhensible et dangereuse. On sent bien l’ambition du président de la République de réussir là où d’autres, avant lui, ont échoué…

Bien évidemment la réforme des régimes spéciaux est incontournable. Les propositions des directions d’entreprises sont d’ailleurs beaucoup plus souples qu’on ne veut le faire croire et il n’y a pas d’alignement complet sur le secteur privé.

Il reste qu’il faut aussi prendre en compte la pénibilité des métiers (horaires de nuit, travail du week-end). Mais surtout cette réforme ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des défis de l’économie française.

On peut sans cesse allonger la durée de cotisation et repousser l’âge du départ en retraite, mais cela n’aboutira à rien si la France continue de battre le record des départs en préretraites à 50 ou 55 ans, pour cause d’insuffisance de compétitivité ! C’est une génération entière qui risque de s’enfoncer dans la misère au moment de la retraite, faute du nombre requis d’années de cotisation.

Seul un regain de croissance économique, résultant d’une augmentation de la productivité et de la compétitivité de nos entreprises, peut permettre à la nation de payer l’effort à la fois pour les retraites et pour la santé. Ne nous y trompons pas, il faudra dégager une part plus importante de notre richesse collective pour accompagner dignement le développement du grand âge, c'est-à-dire du risque dépendance. Est-ce d’ailleurs si choquant ?

Depuis 1950 la France a augmenté sa part de PIB consacrée à la santé et aux retraites dans des proportions déjà considérables. C’est aussi le signe d’un pays à la fois plus prospère et plus juste, bref d’un pays civilisé. Toute la question est de savoir comment on dégage cette part nécessaire et comment on répartit l’effort.

C’est pourquoi, plutôt que de consacrer 20 minutes du journal télévisé au fonctionnement des trains comme si nous étions en guerre, il serait peut-être utile de comprendre comment on peut éviter les délocalisations ; pourquoi l’euro cher asphyxie nos entreprises ; pourquoi le travail des enfants ou le saccage environnemental en Chine nourrit des échanges déloyaux en faisant la fortune de quelques centaines de nababs. Utile aussi de parler des politiques natalistes qui permettraient de revenir à un taux de fécondité de 2,1 (nous n’en sommes pas loin) et de régler une partie du problème à échéance de 20 ans !

Utilité enfin d’aborder la question du fonds de réserve des retraites qui aurait dû être abondé des recettes des privatisations. La Norvège a su, par une politique prudente, se doter d’un tel fond exceptionnel. En un mot, seul le renforcement de nos entreprises, notre capacité à défendre nos intérêts, en même temps qu’une nouvelle organisation du système de protection sociale qui devra s’opérer dans le souci d’une vraie justice, servira nos retraites.

La tragicomédie des régimes spéciaux trahit en vérité la complaisance générale pour les postures politiciennes, au détriment de la recherche de l’intérêt général. Au risque de laisser pourrir les vrais problèmes…

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