27 mars 2008

La non-réponse de Françoise Guégot, par Thomas Lefèvre

Les fidèles lecteurs et commentateurs du blog départemental DLR76 se souviendront sans doute au moment de la bataille au Parlement sur le traité de Lisbonne que j'avais adressé et publié ici une lettre à Madame Françoise Guégot. Député UMP nouvellement élue en 2007, je m'adressais à elle afin d'exprimer l'illégitimité que devait prendre son vote, si elle décidait d'approuver la ratification par le Parlement des dispositions rejetées, avec raison, par le peuple le 29 mai 2005.

Ce courrier semblait être restée lettre mort à double titre. Tout d'abord, Madame Guégot a voté pour la ratification du traité de Lisbonne lors du Congrès sà Versailles. Et, elle n'a pas sucité chez Madame Guégot la coutoisie d'une réponse. A cet égard, son échec aux municipales à Mont-Saint-Aignan pourtant réputée "de droite", illustre parfaitement un comportement et une fermeture politiques.

Toutefois, une réponse publique semble avoir été apporté à ma lettre à l'occasion d'un "newsletter" à destination des adhérents UMP. Texte reprenant les poncifs visant à légitimer ce que Nicolas Dupont-Aignan appelé "le coup d'état simplifié, je tenais faire partager ce texte qui était tombé inaperçu. Vous le trouverez ci-après en pièce-jointe.

Je ne rappellerai pas l'ensemble des arguments que nous avions avancé ici ou sur le site de Debout la République pour contester le traité de Lisbonne et son mode de ratification. Je ferai simplement quelques remarques.

Les modes de ratification référundaire ou parlementaire sont "juridiquement égaux" dit à juste titre Françoise Guégot. Mais, elle confond légalité et légitimité. Si la légalité semblait accorder crédit à la majorité de son mode d'action, le désaveu de propositions de l'ex-Constitution européenne reprises par le Traité de Lisbonne retire à la procédure parlementaire toute légitimité.

Les nouveautés introduites dans l'ex-Constitution et reprises par le Traité de Lisbonne, présentées comme des arguments favorables à une relance européenne et à la la place de la France en Europe, ne sont que des mesures visant un peu plus à fédéraliser une Europe déjà moribonde à cause de cela et des mesures visant à dissoudre la voix originale de la France. On peut citer le renforcement du rôle et de la place de la Commission, la personnalité juridique de l'Union, la fin du droit de veto acquis par le Général de Gaulle avec le compromis de Luxembourg ou le développement d'une politique de Défense contrôlée par l'OTAN.

"Pour sortir de l'impasse, il fallait aller de l'avant et faire vite. La crise avait trop duré. L'Europe consiste à tendre la main aux autres. Dix-huit pays avaient voté "oui", mais ils ont accepté de voter à nouveau, car il ne s'agit pas du même texte", écrit Françoise Guégot. Si crise il y a eu, elle fut certes un grand moment de "cinéma politique" organisé par le Commission et cautionné par quelques gouvernements européistes. Ceux-ci, d'ailleurs pour minimiser le rôle de la France dans la négociation affirmèrent ouvertement qu'il s'agissait en fait du même texte réécrit dans sa formulation. La main tendue, peut-être, mais sans gain pour la France. En clair, cela a conduit le Président de la République a "remporter une victoire" contre son propre camp.

La prochaine présidence française de l'Union serait une "occasion de débattre de l'Union". Mais, il est maintenant trop tard. C'était à la majorité d'ouvrir un grand débat sur l'Europe avec les Français à l'occasion de la négociation d'un nouveau traité européen. Or, le président a préféré directement négocier avec les gouvernements européens et a été obligé d'accepter de renier le résultat du référendum. De ce fait, les enjeux stratégiques ont déjà été imposés: fuite en avant dans l'intégration, ultralibéralisme conservé, atlantisme clairement affiché... Quels pourraient être les conditions d'un débat libre, sans tabous, sur l'Europe ? Question sans réponse à ce jour.

Newsletter de Françoise Guégot aux adhérents UMP sur la ratification du Traité de Lisbonne (format PDF)

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